Texte distribué à 600 exemplaires pendant le concert de soutien aux sans-papiers, le 30 septembre 2007, place de la république, et réunissant entre autres Marcel et son orchestre, les Blaireaux, MAP et Axiom…

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VIVE LES EXPULSIONS !

 
     
 
 
 

Dimanche 30 septembre 2007 ! Enfin il fait beau sur la métropole après plusieurs jours de pluie. Un temps de chiens. Un temps de lillois.
Aujourd’hui il fait beau, c’est la fête.
D’abord à Moulins, rue de Thumesnil au nouveau local des Tire-Laine. Joli bâtiment. Accordéon. Joli jardin. Discours d’inauguration. On parle de solidarité, de culture populaire, d’ouverture au quartier, de mémoire. Très solidaire de ne pas glisser un seul mot sur le fait que cette maison a été occupée pendant plusieurs années avant d’être expulsée deux fois, par le GIPN, pour laisser place à cette association. Très solidaire ne pas dire une seule fois que ce lieu a été occupé il y a un peu plus longtemps encore par les sans-papiers en lutte avant d’être sauvagement expulsés par les flics.
Solidaire de faire une fête le jour du grand concert de soutien aux sans-papiers place de la République. Très solidaire de parler de grande Tziganie et de ne pas inviter les Roms, expulsés il y a quelques jours du quartier, et qui vivent dans des conditions déplorables porte de Valenciennes, à quelques mètres de là. Qu’est-ce que ça vous aurait couté d’en dire un mot ?
Vraiment, vous auriez du partager le plateau avec Axiom, initiateur du projet de maison du hip-hop à Moulins, en lieu et place du squatt le Ch’tit Darras rue du petit Thouars, encore un bâtiment habité expulsé. C’est marrant quand même comme les lieux de culture à Lille viennent faire taire les lieux autogérés en s’installant à leur place, en les expulsant. L’artiste précède le flic. Ou le suit de très près, une fois les portes des lieux de vie défoncées. Le squatt le Ch’tit Darras était pourtant un lieu d’activités au sein du quartier. On y a enregistré une mix tape hip-hop gratuite, on y faisait des concerts prix libre, on y animait un studio d’enregistrement, une salle de boxe, des projections, des ateliers d’écritures slam et hip hop, le tout gratuit et sans rendre de compte à quiconque.
Mais le GIPN est venu expulser les habitant/es de cette joyeuse bâtisse en Août 2007 au motif d’y construire la future maison du hip-hop d’Axiom et de ses pairs. C’est à dire la même, mais dépossédée de son âme et de sa logique de subversion de ce monde ; la même mais inscrite dans un processus de pacification urbaine par le biais de la culture ; la même mais sans pouvoir de décision, sans autogestion ; la même, mais avec plein d’argent et de l’exclusion à vue. La même, mais rien à voir donc ! Et Axiom va venir nous parler de solidarité tout azimut et de devoir de résistance. Il nous dira sûrement qu’il n’y est pour rien, qu’il s’est laissé dépasser. Que lui est un artiste.
Pour nous il n’est rien, et sa présence nous fait rire, de coin, comme lorsqu’on a la gueule à terre écrasée par la rangers d’un flic.

Il fait beau à Lille. Un vrai temps de chiens. Un temps de lillois.

Des squatteureuses, encore et toujours solidaires des sans-papier-es.
Pour la guerre sociale.